Au lendemain d’une guerre dont le Japon est sorti vainqueur, les habitants d’un pays en fête doivent faire face à une catastrophe inattendue qui ne leur laissera aucune chance…
Nous sommes le 15 Juin 1896, il est 19h32 au Japon.
Notre histoire se passe sur les plages de la côte de Sanriku, une région qui s’étend entre les préféctures d’Aomori et de Miyagi. On y fête le retour des soldats de la première guerre sino-japonaise, qui s’est soldée par une victoire du Japon un an plus tôt. On célèbre aussi une fête traditionnelle shintoïste qui a lieu tous les ans à la même date.
Les habitants l’ignorent, mais au même moment, un séisme de magnitude 8,5 est causé par la subduction de la plaque pacifique sous la plaque eurasienne à 166km des côtes du Japon.
En effet, contrairement à ce qu’on pourrait penser pour un séisme de magnitude 8,5, celui-ci n’occasionne quasiment pas de dégâts.
Son épicentre se trouvant trop loin des côtes, seules quelques secousses seront ressenties, ce qui ne suffit pas à inquiéter les japonais, habitants d’un pays sismiquement très actif.
Une fête qui tourne au drame
35 minutes plus tard, alors que la fête bat son plein, un étrange phénomène attire la foule sur la plage.
La mer s’est éloignée sur quelques kilomètres, et ne laisse derrière elle que des poissons frétillant dans des mares d’eau salées.
Des centaines voire des milliers de personnes sont dans l’incompréhension la plus totale, quand soudain….
Un mur d’eau d’une vingtaine de mètres de haut se précipite sur eux ne leur laissant aucune chance.
Après s’être enfoncée dans les terres, elle se retire et laisse place à une deuxième vague plus dévastatrice encore.
28000 personnes trouvent la mort et 9000 foyers sont détruits.
La vague s’enfonce 270 km à l’intérieur des terres mais l’onde de choc générée par le séisme continue son périple dans l’océan pacifique.
A Hawaii, les quais et quelques habitations sont détruites.
En Californie, c’est une vague de 3m de haut qui n’occasionnera que quelques dégâts matériels.
De précieuses informations
Cela peut sembler étonnant d’avoir autant de précisions sur les dégâts provoqués par une catastrophe qui date d’il y a plus d’un siècle. En fait, l’ensemble des dommages causés par les vagues ont été recensés dans un document unique rédigés par le japonais Yamana Soshin. Dans ce rapport, l’auteur mentionne le nombre de morts par ville, la taille des vagues ainsi que la direction prise par les vagues.
Une véritable aubaine pour les chercheurs.
Surfer sur un tsunami
Quelques heures après la destruction des rivages de Sanriku, des pêcheurs rentrent au port. Pour eux, ce carnage est incompréhensible : comment un tsunami a-t-il pu avoir lieu sans qu’ils ne s’en rendent compte alors qu’ils étaient eux-mêmes en mer ?
Pour comprendre ce qu’il s’est passé, il faut imaginer un tsunami comme une onde qui se propage dans l’eau, le plus souvent à cause d’un mouvement des plaques tectoniques.
Cette onde se déplace souvent très rapidement, mais n’est que peu perceptible à bord d’un bateau. En se rapprochant des côtes, l’onde ralentit mais son amplitude grandit. La petite onde devient alors une vague qui peut atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut.
On peut donc dire que nos pêcheurs ont eu de la chance, mais malheureusement pas leurs familles restées au port.
Une côte ciblée par les tsunamis
Le lendemain du désastre, l’empereur apprend la triste nouvelle et décide d’envoyer des secours. Des militaires se rendent alors sur place pour remettre de l’ordre dans la ville, accompagnés de médecins de la croix rouge japonaise.
Moins de 40 ans plus tard, en 1933, un nouveau séisme de magnitude 8.3 frappe dans la région. L’onde de choc génère des vagues de 29 mètres de haut, soit la hauteur d’un immeuble de 7 étages.
Cette fois, les habitants savent identifier les signes avant-coureurs du tsunami. Comprenant l’imminence du danger, ils improvisent des rades artificielles à l’aide de troncs d’arbres couchés.
Cette méthode s’avérera efficace puisque cette fois, le tsunami fera beaucoup moins de victimes. Le bilan s’élèvera néanmoins à 3000 morts.
Bien que la sensibilisation ait été renforcée après ce deuxième épisode, un troisième tsunami dévastera à nouveau la cote de Sanriku et fera des milliers de morts bien des années plus tard.
Ce tsunami, vous le connaissez certainement.
Il a eu lieu à Fukushima et est à l’origine de l’un des pires désastres nucléaires du 21ème siècle.